La deeptech est devenue un enjeu central dans la recherche et dans les investissements à travers le monde. La Bpifrance la définit comme une innovation de rupture : un projet qui innove en repoussant les frontières actuelles de la technologie. Initiées par des entreprises ou des laboratoires de recherche, ces innovations tentent de changer le monde. Aujourd’hui, deeptech rime souvent avec intelligence artificielle, biologie, applications ou digital ; mais il ne faut pas limiter l’impact crucial du hardware dans cette même catégorie.
La deeptech en pleine mutation
Pendant longtemps, les startups souhaitant se lancer dans la deeptech ont été retenues par des barrières à l'entrée trop importantes. On observe cependant des changements profonds dans ce domaine. Les innovations technologiques récentes ont permis de réduire les coûts d’entrée des entrepreneurs dans le secteur de la deeptech. Dans le software, la diffusion de briques logicielles open source permettent aux entrepreneurs d'avoir un accès plus simple, plus rapide et surtout moins cher à différentes technologies inaccessibles il y a quelques années. Le hardware n'est pas en reste grâce à une révolution technologique mobile. Abaissant les barrières à l'entrée de plus en plus d'entrepreneurs se lancent dans des projets de rupture avec la volonté d'innover.
En découle une modification des acteurs de la deeptech ; ce ne sont plus seulement les grands groupes et les laboratoires renommés qui innovent et tentent de changer le monde, de plus en plus de startups se lancent dans des projets à impact soutenues par des investissements de plus en plus nombreux. La deeptech, qui avait pour réputation d'être très consommatrice de capitaux dû à un référentiel temporel propre basé que une longue phase de R&D et une commercialisation lointaine, se réinvente et favorise l'arrivée de nouveaux entrepreneurs : des jeunes diplômes, qui, grâce à leur diplôme en poche et quelques années d'expérience se lancent dans l'entrepreneuriat à impact.
Les difficultés du hardware
Si le monde de la deeptech connait de profondes mutations depuis quelques années, le software reste favorisé par rapport au hardware qui semble moins attirant à la fois pour les jeunes diplômés et pour les investisseurs.
À côté du software, le hardware semble faire davantage peur aux investisseurs pour différentes raisons. Ces derniers, préférant un retour sur investissement plus rapide, investissent davantage dans le digital, plus rapide à mettre en œuvre et dont l’investissement initial est souvent moins important.
Le hardware est un secteur qui nécessite également un panel important de métiers et de compétences. Mécanique, technique, électrique, software... l’ensemble de ces corps de métiers est nécessaire pour pouvoir innover dans ce domaine. De plus, alors que dans le software il est possible de proposer un logiciel qui n’est pas encore totalement terminé ou une version beta, cela semble impossible lorsque l’on met en vente un produit physique. Sortir un produit qui n’est pas encore parfait c’est prendre le risque de mettre sur le marché une machine susceptible d’être dangereuse, ou un produit qui n’est pas encore certifié. Envoyer des machines qui ne sont pas parfaites, c’est également prendre le risque de devoir les faire rapatrier : puisque avoir un problème avec une machine, c’est avoir un problème avec toutes. Ce rapatriement peut avoir un coût très important, difficilement supportable pour des petites structures comme les startups.
Enfin, le hardware en souvent à l’origine de coûts plus importants. Comme nous le disions précedemment, malgré un abaissement des couts à l’entrée, développer du harware coûte plus cher. Les proof of concept sont plus couteux, la phase de R&D est souvent plus longue lorsque l'on y inclut une phase de fiabilisation longue mais fondamentale avant la mise sur le marché du produit.
Ces difficultés freinent les investisseurs à investir dans des projets hardware. Beaucoup sont intimidés par la technique, la mécanique et l’ensemble des corps de métiers investit dans un projet hardware. Cela demande un éventail de connaissances important qui a tendance à freiner les investisseurs. La plupart font alors appelle à des avis extérieurs afin de cerner la globalité du projet, sans cela les zones d’ombre restent trop importantes et freinent les investissements. Investir suppose une certaine connaissance dans le projet, mais cela semble plus complexe dans le domaine de la deeptech et en particulier lorsqu’il s’agit de hardware. Ce sont des secteurs plus complexes qui nécessitent un certain approfondissement que tous les investisseurs ne sont pas prêts à faire.
Si une baisse des coûts et des barrières à l'entrée favorise le développement de startups dans la deeptech, le hardware reste toujours en marge de cette dynamique. Ce secteur attire moins les investisseurs puisqu'il s'agit souvent de processus plus long, plus coûteux et plus difficile à cerner. Cependant, une nouvelle dynamique initiée par la Bpi et par les autorités semblent impulser un élan d'innovation à impact en France. La Bpi en multipliant les fonds pour les startups deeptech tente de faire de la France une terre d'innovation autant dans le software que dans le hardware.
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