Et si une politique RSE forte et cohérente était la clé pour attirer et fidéliser les jeunes talents ? Rencontre avec une génération en quête de sens.
Le 11 Février, j’ai reçu Georges dans nos locaux chez auum. Georges souhaitait me rencontrer dans le cadre de son mémoire de fin d’étude, autour du « zéro déchet en entreprise ». A quelques mois de l’obtention de son diplôme d’HEC PARIS, il m’a posé plusieurs questions sur le fonctionnement de l’entreprise, nos valeurs, nos engagements et sur les éventuelles perspectives de recrutement.
Ces questions m’ont d’abord étonné. Il y a quelques années encore, un futur diplômé d’une grande école se serait sans doute dirigé vers des groupes de conseil, de finance ou du CAC 40. Toutes ces entreprises que les jeunes talents convoitaient en priorité. Mais la « Génération Z » voit différemment. Et ces entreprises le savent : pour les attirer et les fidéliser, elles doivent et devront se réinventer. Ces échanges avec Georges m’ont permis de comprendre la vision « d’un potentiel talent de la génération Z ».
Qu’est-ce que la « gen Z » ?
La chercheuse Elodie Gentina (1) nous l’explique, c’est la génération qui arrive en ce moment même sur le marché du travail. Parmi ses caractéristiques, ultra-connectivité et « zapping attitude »… Mais c’est avant tout la génération pour laquelle « Le lien importe plus que le bien » : pour elle, l’humain doit être placé au cœur de la stratégie des entreprises.
Quelle est leur vision de l’entreprise ?
Pour Jean Laurent Cassely (2), certains cadres de la génération Y ont délaissé les bureaux de la Défense pour repasser un C.A.P après quelques années dans le monde professionnel. La génération Z anticipe ce potentiel revirement et veut répondre à sa quête de sens dès son premier emploi. Ces jeunes talents souhaitent exercer un métier qui a du sens, veulent se sentir réellement utiles pour leur entreprise et pour la société. Après le « burn-out », fléau de notre génération, place au "Brown-out" : la souffrance due à l’absence de sens de ce que certains appellent « les jobs à la con ». Pour Georges, l’entreprise de demain doit permettre aux individus de s’exprimer en tant que salarié mais aussi en tant que citoyen véhiculant ses propres convictions. Pour lui, « l’entreprise de demain doit répondre à notre désir de cohérence. De cohérence avec les problématiques du monde actuel, notamment les problématiques sociales et environnementales ». On le voit donc, la dynamique s’est inversée : c’est désormais à l’entreprise de démontrer dans quelle mesure le jeune candidat à tout intérêt à la rejoindre. Et parmi ses arguments-clés, la RSE joue un rôle de choix.
Comment la RSE répond à ces nouvelles attentes ?
A la lecture du rapport NewGen for good (3), on comprend que la RSE est devenue le « soft power » de chaque entreprise. Un bilan extra-financier qui traduit ses normes et ses valeurs. La RSE développe l’implication des employeurs pour des causes qui parlent à leurs collaborateurs et favorise leur adhésion sur le long terme. En s’impliquant auprès de valeurs fortes et fédératrices, les entreprises renforcent le sentiment d’appartenance à un groupe de leurs salariés et favorisent donc leur engagement. Une politique RSE forte et cohérente donne un statut d’acteur engagé à une entreprise aux yeux de ses collaborateurs. Travailler pour un acteur engagé est indispensable pour la génération Z qui veut pouvoir exercer sa fonction de citoyen sur son lieu de travail. Pour Georges, grandir dans une entreprise dont les valeurs sont alignées avec les siennes permettra de donner du sens à son travail. Il veut par le biais de son entreprise « avoir un impact positif sur le monde et l’environnement de demain ».
Pourquoi l’environnement est-il si central dans une politique RSE ?
La norme ISO 26000 (standard international) définit le périmètre de la RSE autour de 7 questions centrales : la gouvernance de l’organisation, les droits de l’homme, les relations et conditions de travail, l’environnement, la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs et les communautés et le développement local.
En tête de ces 7 points pour la Génération Z : l’environnement. Le Manifeste étudiant pour un réveil écologique lancé en 2018 -qui compte déjà plus de 32 400 signatures étudiantes- en témoigne. 5 phrases fortes en résument pour moi la vision :
· « Tout cet argent investi dans la communication mais combien pour la planète ? »
· « Nous acceptons même de travailler pour des entreprises qui ferment les yeux face à l’écologie. Pourquoi acceptons-nous cette incohérence ? »
· « Nous voulons des perspectives professionnelles cohérentes avec la crise écologique »
· « C’est une nécessité pour changer un système économique en lequel nous ne croyons plus ».
· « Il est temps de se réveiller »
Pour Georges, nous sommes la première génération qui « n’a plus aucune excuse » Son discours fait écho au spot « One Planet, One Health » de Danone. On y voit, face caméra, des jeunes qui affirment : « On ne peut pas faire comme si on savait pas. Nous sommes la première génération qui sait, la première génération qui a tous les faits. Ça n’est pas simple ! ». Les entreprises doivent assumer leur responsabilité et investir pour l’environnement. Elles doivent investir du temps, de l’argent et innover. Elles doivent aider les citoyens à repenser leur mode de consommation. Et elles, c’est nous. Nous devons arrêter l’usage unique, nous devons consommer durable, responsable. Nous devons limiter notre empreinte carbone. Nous devons marcher ensemble, dans la même direction.
La Génération Z est déjà aujourd’hui un enjeu majeur pour les entreprises. Elle le sera plus encore demain. Ces jeunes ont des convictions fortes et des envies nouvelles pour lesquelles ils ne feront pas de concessions. La récente dénonciation d’une partie des élèves de Polytechnique contre l'implantation de Total sur leur campus en est un bel exemple. Par le passé, les entreprises ont déjà su se montrer réactives et innovantes. Pour Georges, « Elles doivent nous montrer leur capacité à investir et innover dans les domaines prioritaires de demain: l’humain et l’environnement ». Je n’aurais su mieux dire.
(1) « Génération Z. Des Z consommateurs aux Z collaborateurs »
(2) « La révolte des premiers de la classe »
(3) Comment la nouvelle génération va transformer l’entreprise ?
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