Il y a 5 ans, le 12 décembre 2015, étaient signés les accords de Paris. 195 pays s’étaient alors accordés sur un accord qualifié d’historique. Les objectifs de l’époque étaient très ambitieux : réduire le réchauffement climatique à 2°C voir 1,5°C d’ici 2100 et atteindre la neutralité carbone pour 2050.
Des résultats peu satisfaisants
Les Accords de Paris devaient mettre un terme à l'augmentation exponentielle de la température, cependant, 5 ans plus tard, les signaux sont encore loin d'être au vert. 2016 fût l'année la plus chaude jamais enregistrée, en passe d'être détrônée par l'année 2020. Et sur la question des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES), l'année 2019 a aussi battu de tristes atteignant des niveaux sans précédent.
En 2015, une grande liberté fût offerte aux États pour mettre en place les mesures adéquates afin de respecter les engagements pris en 2015. Ces mesures sont transmises sous la forme de "Contributions Déterminées au niveau National" ou CDN, mises à jour tous les 5 ans par les parties. À travers ce document, chaque pays s'engage sur des objectifs en détaillant la façon de les atteindre à l'échelle nationale. L'agglomération de l'ensemble des CDN mondiales représente ainsi les mesures prises à l'échelle internationale pour lutter contre le dérèglement climatique.
En cette année 2020, marquant l'anniversaire de la COP 21, tous les gouvernements étaient sensés mettre à jour leurs CDN afin de maintenir le cap en vu d'une réduction drastique des GES. L'objectif : être dans les conditions permettant de limiter l'augmentation de la température sous la barre des 2°C. Les CDN transmises en 2015 ont été jugées largement insuffisantes par les instances internationales dont le GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat. La somme des objectifs fixée en 2015 ne permettrait pas de contenir l'augmentation de la température à seulement 3°C.
2020 était donc sensée être une année charnière permettant une restructuration de ces CDN afin de respecter les engagements pris en 2015. Cependant, au 9 février dernier, date à laquelle ces CDN devaient initialement être transmises, seuls 3 pays avaient tenu leur promesse : la Norvège, les Îles Marshall et le Suriname, représentant à eux trois... 0,1% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Les autres ont maintenant jusqu'au 31 décembre 2020 pour les transmettre, mais les spécialistes semblent peu optimistes sur la question.
Un texte trop peu contraignant ?
C'est le caractère peu contraignant des différents traités sur le climat qui les rendent si peu efficaces. En 1997, les accords de Kyoto, ancêtres de ceux de Paris, avaient tenté de mettre en place des procédures d'observance. N'allant pas jusqu'à imposer des sanctions aux États signataires, le protocole de Kyoto permettait de simples contrôles pour vérifier le respect des engagements pris. Résultat : les plus gros pollueurs de la planète ont pris peur, les États-Unis ne l'ont jamais ratifié, le Canada s'en est retiré et les mesures de contrôles n'ont jamais été mises en place. Par conséquent, l’absence de sanctions et de contrôles rendent ces traités internationaux peu efficients et difficilement applicables dans la pratique. En effet, si ces derniers sont contraignants, aucune sanction ne peut être exigée et il n'existe pas de "Tribunal international climatique" pouvant obliger les États et les entreprises à appliquer leurs engagements. Laurent Fabius comptait en 2015 sur les pressions exercées par les ONG, les citoyens et les autres pays signataires afin de contraindre les États au respect des engagements pris. Mais la multiplication des "Marches pour le Climat" ou les invectives lancées par les ONG environnementales ne semblent pas avoir de réels impacts sur les gouvernements.
De plus, l’application réelle de ces accords n’est pas du domaine international mais de l’apanage des États. Ainsi, le seul moyen de mettre en oeuvre cet accord serait que les États prennent eux-mêmes des mesures contraignantes à l’échelle nationale ou communautaire dans le cas de l’Union Européenne. Or, il n'existe pas encore aujourd'hui de réelle volonté politique de mettre en place de telles mesures. En résulte un immobilisme à l'échelle internationales avec des gouvernements qui n'agissent pas ou trop peu, et une température atmosphérique qui ne cesse de croitre.
Les États passent au tableau
Les cancres au fond de la classe
Au fond de la classe, ceux qui font beaucoup de bruit et qui refusent de respecter les règles.
Quelques-uns des pays les plus pollueurs, des pays exportateurs de pétrole, n’ont toujours pas ratifié ces textes. Ils les ont signés en 2015, mais ne les ont pas ratifiés et c’est une grande différence. En effet, alors que la signature n’est qu’un engagement, c’est la ratification qui a une véritable valeur juridique obligeant l’État à appliquer le texte dont il est question. Parmi les pays n’étant pas allés jusqu'au bout de leurs engagements, on compte notamment l’Iran, la Turquie ou encore la Libye.
De plus, le retrait des États-Unis annoncé par Donald Trump en 2019 et qui est entré en vigueur ce 4 novembre 2020 a marqué un frein à la dynamique internationale. Et si la victoire de Joe Biden semble ouvrir de nouvelles perspectives, cela ne permet pas de combler le retard qui a été pris par la plupart des signataires à cause de leur inaction face à l’urgence climatique. Les États-Unis, deuxième plus gros pollueur au monde, montre ainsi le mauvais exemple à ses camarades. Quant à la Chine, plus gros pollueur de la planète, si elle a annoncé vouloir réduire ses émissions carbones de 60 à 65% ; ses émissions de carbones ont continué de croitre de 3,1% en 2019.
L'Europe fayote et tente d'entrainer les autres avec elle
L'Europe, depuis la sortie des États-Unis de ces accords, est devenue la puissance occidentale la plus polluante et tente ainsi de faire bonne figure afin d'entrainer avec elle ses camarades de classe.
L'Union Européenne s'est engagée à la neutralité climatique d'ici 2050. Pour cela, les députés européens ont voté le 7 octobre dernier leur plan pour contraindre les États a respecté cette engagement. La Commission européenne a donc jusqu'au 31 mai 2023 pour traduire ces engagements et proposer une trajectoire à l'horizon 2050.
La nouvelle présidente de la commission : Ursula von der Leyden, souhaite faire de l'Europe le leader sur la question environnementale et tente pour cela d'influencer les autres États. Sans sanction juridique ou économique, il semble difficile pour l'Europe de convertir les grandes puissances mondiales comme les États-Unis, la Chine ou l'Inde ; mais elle tente d'exercer une certaine "diplomatie climatique" à son échelle. C'est notamment ce qu'elle a fait avec le Brésil qui, après l'annonce de Donald Trump en 2019, était prêt à entrer dans son sillage. L'Union Européenne à travers son accord commercial avec le Mercosur a ainsi exigé des mesures environnementales afin de faire respecter les accords de la COP21 au Brésil.
Les premiers de classe que (malheureusement) personne n'écoute
Un rapport du "Centre for climate change economics and policy" montre que seuls 16 États ont pris des mesures conformes aux Accords de Paris. C'est le cas du Canada, du Japon, de la Macédoine ou de la Norvège. Les États qui mettent le plus de chose en place sont également ceux qui ont le plus à perdre : c'est le cas des îles du Pacifique, dont la montée des eaux aura des conséquences dramatiques sur leur environnement. Samoa, Tonga, Singapour, la Papouasie-Nouvelle-Guinée ou le Costa Rica tentent d'insuffler une dynamique internationale sans pour autant y réussir. Le Nicaragua avait même refusé de signer les accords dans un premier temps les trouvant trop peu contraignant.
La justice climatique est donc au coeur de ces enjeux car les État les plus ambitieux en matière climatique sont ceux qui polluent le moins et qui subissent le plus les conséquences du dérèglement climatique. Malheureusement, ce sont donc les meilleurs élèves qui font le moins de bruit et qui sont les plus sanctionnés à cause des agissements des éléments perturbateurs.
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