Depuis quelques années, le vrac a su s'imposer comme une alternative convaincante face au suremballage. Alors que le marché du vrac ne représentait que 100 millions d'euros en 2013, six ans plus tard ce dernier a dépassé le milliard d'euros de chiffre d'affaires. Un véritable engouement semble s'être créé autour du vrac qui séduit de plus en plus les consommateurs comme les industriels.
Un nouveau mode de consommation
En 2020, une étude menée par Nielsen montrait que l'adoption d'une consommation limitant les emballages été la principale résolution des français (27%) devant le sport (21%) et l'achat de produits plus sains (22%). Les consommateurs, de plus en plus sensibles aux problématiques liées aux emballages, tentent d'y remédier en modifiant leur consommation.
Les consommateurs ou consomm'acteurs
Presque la moitié des français affirment avoir déjà acheté du vrac au cours des douze dernier mois ; c'est ce que nous montre un sondage Kantar de 2019. Si se sont les moins de 35 ans qui sont les plus gros consommateurs de vrac, ce dernier séduit de plus en plus.
Le vrac séduit surtout les "consomm'acteurs" déjà sensibles aux questions environnementales : se sont les consommateurs qui sont déjà passés au bio ou à l'agriculture durable et locale. Cependant, de plus en plus de personnes se mettent également au vrai. C'est un marché qui ne semble plus séduire seulement les jeunes urbains aisés. Les plus de 65 ans, les familles mais également les ruraux sont devenus des adeptes du vrac.
Une diversification des formats et des surfaces de vrac
Cette multiplication des usagers est également corrélée à un élargissement de l'offre de vrac en France. Alors qu'on ne comptait que deux épiceries de vrac en 2013, ce chiffre a atteint près de 400 en 2020. De plus, les boutiques spécialisées dans la vente de vrac ne sont pas les seuls acteurs de ce nouveau mode de consommation. Le réseau Day by Day, unique franchise dédiée au vrac, compte aujourd'hui près de 59 boutiques. Les magasins bio sont également des pionniers sur la question, mais les grandes surfaces ayant compris cet engouement se sont mis à la page et représentent près de 50% du vrac français.
Cette multiplication des points de vente a ainsi permis au vrac de se développer et d'atteindre des publics pour qui l'accès au vrac était complexe il y a quelques années.
Le vrac ce n'est pas que les amandes
La diversification de l'offre est également un aspect important de cette évolution. Les fruits oléagineux continuent de représenter 58% des achats, de plus en plus de français achètent leurs pâtes et leurs riz en vrac (respectivement 24% et 23% des achats en vrac) et de nouveaux produits sont également disponibles en vrac.
Café, sucre, huile d'olive, croquettes pour les animaux et même vin, les produits alimentaires disponibles en vrac sont de plus en plus nombreux. Mais se développe de plus en plus le vrac pour les produits non alimentaire comme les produits détergents, les cosmétiques... Les produits d'entretien liquide et notamment la lessive et le liquide vaisselle séduisent de plus en plus les usagers du vrac. Et une première boutique spécialisée dans la vente de vrac liquide vient d'ouvrir à Paris.
Des freins persistants
Le prix
L'achat en vrac a-il une incidence sur le porte monnaie ?
Le réseau vrac affirme qu'un produit acheté en vrac est entre 10 et 15% moins cher qu'un produit emballé. Cependant, ce résultat est souvent brouillé par le caractère biologique des produits en vrac, souvent plus chers. Il s'agit souvent de produits de qualité supérieure qui sont initialement plus chers.
Pour les produits détergents ou les lessives par exemple, la comparaison avec les bidons habituels que l'on trouve en supermarché est difficile à établir. Tout d'abord car la lessive en vrac est vendue au kilo, ce qui rend complexe la comparaison avec un calcul usuel en litre. Les vendeurs de vrac vantent également l'efficacité d'une lessive, qui si elle est plus cher à l'achat, a un coût de revient final inférieur à une lessive classique en bidon.
L'hygiène
Le COVID-19 a mis en exergue une problématique déjà existante dans le domaine du vrac : l'hygiène et la propreté. Parmi les français ayant arrêté le vrac depuis le début de la crise sanitaire, 21% l'ont fait car ils n'avaient pas confiance à cause du virus, et 13% jugeaient la solution peu hygiénique. C'est une question qui se pose à la fois pour les consommateurs et les professionnels.
Les consommateurs doivent être rassurés à la fois sur la propreté et la fraîcheur des "silos", qui sont lavés quotidiennement, surtout lorsqu'il s'agit de produits frais comme du yaourt ou des glaces.
Non protégé par un emballage, l'acheteur ne doit pas remettre en question la qualité et la fraîcheur du produit qu'il achète.
Le "vraqueur" doit aussi se protéger par rapport aux problématiques d'hygiène. S'il devait y avoir un problème avec un client, il faut que ce dernier puisse se dégager de toutes responsabilités en s'assurant de la propreté de ses "silos". De même, lorsque le client utilise son propre contenant, le vendeur peut-il se permettre de servir dans un récipient dont l'hygiène ne peut pas être contrôlée ? Le "vraqueur" se retrouve alors dans une position difficile dans laquelle il a deux choix : refuser le contenant du client puisqu'il ne peut pas vérifier sa propreté ou le laver en magasin afin de ne pas être jugé responsable de possibles problèmes.
Comme pour les gobelets en entreprise, supprimer les emballages et le plastique dans notre consommation et nos achats se heurte souvent à des problématiques d'hygiène et de nettoyage. Si le vendeur avait la possibilité de laver rapidement et efficacement le contenant de ses clients, cela permettrait d'étendre encore l'utilisation de vrac, en rassurant à la fois le client et le vendeur sur les problématiques d'hygiène.
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